People Help The People [PV : Glow, et seulement Glow =)]

"Oh and if I had a brain,
I'd be cold as the stone and rich as the fool
That turned all those good hearts away..."
Birdy, "People Help The People"

L'adolescente s'avança silencieusement vers la serre numéro deux. Elle l'avait choisi parce que, sans être aussi fréquentée par tous ces couples écœurants de mièvrerie qui n'auraient fait que déranger le... l'entretien qu'elle souhaitait partager avec son interlocuteur, elle n'abritait pas non plus de dangereuses plantes carnivores?cannibales/tentaculaires/intelligentes (rayez la mention inutile). Cela avait été précisé à celui qu'elle attendait. Ou plutôt, songea-t-elle, qui l'attendait puisque, comme à son habitude, elle était en retard. Enfin, quelle idée de la réveiller avec force la veille du matin - ou plutôt la nuit, d'après la noirceur du ciel qui n'était pas encore illuminé par le soleil levant mais plus éclairé par l'astre lunaire pour autant - où ils devaient se voir ? Non mais vraiment !

Si la Serpentarde avait été d'humeur poétique, elle aurait levé la tête et contemplé le ciel, puis observé le Parc paisible entourant le château endormi. Il est vrai que pour toute personne ayant un peu de profondeur - contrairement à la benjamine des Dust -, c'était un merveilleux spectacle. On pouvait même entrevoir par moment des êtres de l'eau évoluer avec grâce, capter dans le mutisme de l'air le clapotis de l'eau ou celui, plus sec, des sabots des centaures, licornes et autres créatures mystérieuses qui vivaient dans la Forêt. c'était vraiment une belle nuit, ou un beau matin, au choix. Toute la population de Poudlard aurait aimé voir ce spectacle. Mais la présence de ces humains crieurs, tapageurs, qui ne pouvaient que déranger la splendeur de la nature, aurait empêché, justement, la spécificité de l'atmosphère. Oui, vraiment, la scène était d'une telle poésie, d'un tel charme, d'une telle grâce que même sa spectatrice mortelle se surprit à flâner un instant, avant de se reprendre. Elle était là pour une bonne raison, et il ne fallait surtout pas la perdre de vue.

C'est donc dans l'obscurité du petit matin - cinq heures treize, pour être exacte - que la jeune fille arriva, ses cheveux blond platine miroitant d'un éclat argenté sous la faible lueur des étoiles, lui donnant un aire étrangement évanescent. En voyant la frêle taille de l'elfe se détacher derrière le verre flou qui constituait les murs de la salle, Lana ouvrit la porte puis la referma dans un léger chuintement qui résonna pourtant dans le silence assourdissant - oxymore ! Hum, désolée, déformation professionnelle, le brevet dans une semaine, vous comprenez... - comme un coup de canon.

- Tu ne pouvais pas attendre ce matin, Zouf ? cracha-t-elle avec hargne, rompant avec l'image de sérénité, chasteté - hum, comment dire euh... Non - , angélisme - What the.. - et toutes les banalités du genre que la lumière des étoiles lui avait conférée.

Tandis que la porte grinçait, Zourk se cacha. Puis voyant que c'était celle qu'il attendait, il revint doucement vers elle, toujours aux aguets de quelconque observateur indésirable.

- Tu ne pouvais pas attendre ce matin, Zouf ?

Même sous la faible lumière nocturne, on percevait sans mal le brillant qui habillait les yeux globuleux du petit elfe.

- Zourk n'savait pas, n'savait plus ! Zourk s'punira s'il faut. Lui inquiet, pas savoir quand pouvoir vous rend'e service. Dites, et Zourk fera ! Il f'ra tout s'qu'est possib'e pour s'faire pardonner d'sa bétise.

Lana regarda avec un sourire malveillant. Bien. C'était justement là où elle voulait aboutir. L'elfe était entièrement à sa disposition, dans une attitude de soumission dont elle se délectait. Oui, décidément, il allait bien lui servir...
Or, si elle ignorait que celui qu'elle pensait manipuler était en réalité le pantin de son professeur de Soin aux Créatures Magiques, la Serpentarde n'en restait pas moins rusée. Et elle savait déjà, bien avant même qu'elle rencontre cette souple marionnette, ce dont elle avait besoin, ce qu'elle désirait et ce qu'il fallait éviter.
C'est donc en ayant tout prévu qu'elle se pencha vers les yeux brillants de l'elfe et lui laça dans un souffle feutré :
- Que peux-tu me dire sur Kaylan Woodwalker ?

Le petit elfe fouilla un peu dans sa mémoire, puis il répondit d'un air plaintif.

- Zourk pas voir qui lui être. Zourk désolé ! Zourk arrivé d'puis pas longtemps au châteaux...

Il semblait être sur le point de pleurer. Puis il se ravisa, une lueur d'espoir dans le fond des yeux.

- Mais Zourk pourra s'renseigner sur lui s'vous voulez ! Quoi voulez-vous savoir dessus ?

La jeune fille réfléchit un instant. Que pouvait-elle dire, et que devait-elle taire ? Elle regarda son serviteur dans un long moment de silence, tandis que le petit être semblait s'affoler de son absence de paroles. Se rattrapera, se rattrapera pas ? ...
- Eh bien, commença-t-elle avec lenteur d'un ton songeur, suis-le pendant, disons, une semaine, où du moins jusqu’à ce que tu aies quelque chose d'enrichissant à me dire... Et rapportes moi tout ce que tu auras appris. Tout. Sans omettre le moindre détail.
Elle le dévisagea un moment. Était-il assez intelligent pour se contenter de cette demande ? Mais si elle en disais plus, serait-il assez intelligent pour savoir le fond de sa pensée ? Elle choisit la solution de prudence et se contenta d'attendre la réponse de son interlocuteur.

La petite créature tortilla ses mains et ses pieds, tout en se dandinant. Il hésitait à parler, savoir s'il n'offenserait pas sa gentille créancière. Puis d'un voix toute gêné, il rompit le silence.

- Zourk fera tout c'qu'il pourra ! Vraiment tout ! Mais Zourk obligé de faire aussi les services au château. Il pourra beaucoup mieux vous rend'e service si vous l'dites quoi chercher ... d’enrichissant. Ou quand.

- Zourk fera tout c'qu'il pourra ! Vraiment tout ! Mais Zourk obligé de faire aussi les services au château. Il pourra beaucoup mieux vous rend'e service si vous l'dites quoi chercher ... d’enrichissant. Ou quand.

La blonde regarda fixement l'elfe. Ce n'était qu'une petite créature, elle devait à peine lui arriver à la taille, et pourtant Lana n'était vraiment pas grande : à vrai dire, c'était sûrement celle qui avait la stature la moins imposante des quatrièmes années. Bon, pour être tout à fait franche, elle était même plus petite que certains troisièmes années. Mais bon, ce n'était pas le sujet : comment ce minuscule être à la peau pâle, presque translucide, pouvait avoir autant d'importance en ce moment ? Et comment pouvait-il réfléchir avec autant de sagacité ?
Après avoir dévisagé Zourk pendant quelques minutes, elle reprit son ton tranchant et cessa de se poser des questions existentielles (dans le prochain épisode : pourquoi l'escargot de Bob l'Eponge miaule ?) et répondit avec franchise :

- Je ne sais pas quoi chercher. je sais juste que quelque chose... quelque chose cloche.

Elle semblait pensive. Chaque seconde de cette minute de silence mettait l'elfe de plus en plus mal à l'aise. Mais il ne voulait pas la troubler, ou la contrarier. Il réprimait donc son inquiétude, lui donnait l'air d'attendre patiemment.

- Je ne sais pas quoi chercher. je sais juste que quelque chose... quelque chose cloche.

L'elfe acquiesça, alors qu'il n'avait pas encore écouté toute le phrase, trop content qu'elle rompe le silence. Puis un rictus de doute s'afficha progressivement sur son visage.

-Zourk n'tien pas à vous d'ranger plus longtemps. Il trouv'ra par lui même à quoi r'ssembl' s'Woodwalker. Mais Zourk v'drait just' s'voir quand et où s'retrouver pour vous...... informer.

Il lui tourna alors des yeux suppliant une réponse.