Le grand Bilan (fanfic à chapitre, centrée sur Severus)

Disclaimer : évidemment, tous les personnages et lieux qui vous sont familiers appartiennent à J. K. Rowling.
Note importante : le scénario de cette histoire date de 2004-2005, avant la publication du "Prince de Sang-Mêlé" et des "Reliques de la mort". Il y aura donc des incohérences avec les informations apprises dans ces 2 derniers tomes.

Le grand Bilan

Quelque part, la nuit.

Un homme était étendu par terre. Il essayait de se relever mais sans succès. Il y renonça dans un gémissement de douleur étouffé.

Noir…
Froid…
Mal…
Sommeil…tellement sommeil…
NON ! Il ne faut pas dormir! Pas dormir……dormir…
Ah, ma tête...tout tourne... Ma tête est sur le point d’imploser !
Ne fermes pas les yeux ! Gardes-les le plus longtemps possible ouvert ! Si tu les fermes, tu risquerai de t’endormir.
Où suis-je ? Il n’y a personne ici, à par moi. Où m’ont-ils laissé, cette bande d’infâmes pourritures ? Je ne reconnais rien. Autour de moi, tout n’est que ténèbres.
Aveugle ! Oh non ! Pas ça ! Ils m’ont rendu aveugle !
…Après tout, quelle importance maintenant ? ça ne change plus rien.
Rien d’autre n’a d’importance que de rester éveillé !
Je ne suis pas prêt.
Si je m’endors, c’est la fin. Je n’aurai pas les ressources nécessaires pour refaire surface. Trop de choses referaient leur apparition…trop de souvenirs, de cauchemars à revivre…trop de douleurs, de haine et de trahisons …
Non, je ne suis pas prêt pour le Bilan.

Des voix, au loin, discutaient joyeusement. Elles semblaient se rapprocher de l’endroit où l’homme gisait.
Soudain, un cri suraigu se fit entendre, ce qui vrilla douloureusement les tympans de l’infortuné.

- Oh, mon dieu !!! Harry, Ron ! Regardez ! Le professeur Rogue est blessé ! Allez chercher Dumbledore ! Je reste avec lui ! Vite !

Voila pour l'introduction. La suite est à venir.

Et bah tu vois il est super le début de ta fic . Snape et Hermione vont-ils finir ensemble ? La suite au prochain épisode.

Merci Vol! je prépare la suite pour bientôt.
Pour Rogue et Hermione, c'est à voir ^^ mystère

OmbreDust27411 a écrit:

Elle a l'air juste... Trop bien. O.o
Si c'est du SS/HG... Je hurle.

merciii ^^. votre soutien va m'"aider bcp pour la suite.
tu n'aimes pas ce couple? (tkt pas, il ne sera pas vraiment un couple, mais j'en dit pas plus)

OmbreDust27411 a écrit:

? C'est le genre de phrase qui donne envie ^^
Nan je suis dans la minorité qui aime les Ron/Hermione, et j'ai rien contre, sauf que j'aime moyennement parce que souvent les auteurs font des totals OOCs. Voilà.

Je suis d'accord que la plupart du temps, mettre Rogue dans une histoire d'amour est OOC (surtout avec la génération de harry potter). Et je DETESTE les OOC.
Dans mon histoire, j'essaye de rendre ça aussi plausible que possible. et non, on ne sortira pas les violons entre Rogue et Hermione. Ron et hermione vont bien ensemble, je suis d'accord sur ça aussi.

Et après l'introduction...

____________________________________________________________________
Potter et sa bande ? Oh non ! Pas eux ! N’importe qui mais pas eux ! Ils ne peuvent pas me voir comme ça ! Ça leur ferait trop plaisir !
Et d’ailleurs qu’est-ce qu’ils font ici ? La nuit hors de l’enceinte de Poudlard ?
Oh ! Mais bien sûr ! Le festival des nocturnes de Pré-au-lard ! Les élèves post-BUSE sont autorisés à y aller.
Je suis à Pré-au-lard.

- Professeur ? Vous m’entendez ? , demanda Hermione mais Rogue était dans l’incapacité de répondre. Il avait les yeux dans le vague et il ne semblait pas la voir.

Oui Granger ! Je vous entends ! Mais arrêtez de me hurler dans les oreilles ! , pensa Rogue tellement fort qu’il espérait que Granger l’entende tout de même.

- Vous êtes en état de choc ! Tenez bon ! Dumbledore ne va pas tarder !

Hermione était au bord de la crise de panique mais elle faisait de son mieux pour se calmer. Cette attitude surpris un peu Rogue, il ne s’attendait pas à ce qu’elle manifeste autant d’attention à son égard. Cela le toucha plus qu’il n’osait se l’avouer. Il ironisa quand même la situation :

Tenir bon…excellent conseil, miss Granger ! Je vais tâcher d’en prendre note ! Mais je sens que je ne tiendrai gère plus. Dumbledore ne viendra pas à temps.

Un frisson parcouru son corps de la tête aux pieds. C’était comme si une main glacée s’était posée sur sa nuque. Il se sentait attiré vers le bas, dans l’abîme.

- G…Granger ? , parvint enfin à articuler Rogue avec une infinie difficulté
- Oui professeur. Je suis là. Je vous écoute.
- …les… les Mange…morts…
- Les Mangemorts ? Ce sont ces monstres qui vous ont fait ça ? , dit Hermione la voix la plus douce possible.

Rogue fit un faible signe de la tête pour acquiescer. Il respirait avec difficultés.

Bravo Granger. Bel esprit de déduction ! Mais aurais-je à vous rappeler que j’ai fait partie de ces monstres ?

Il était exténué.

- Dites…dites à Dum…bledore…
- Oui, je lui dis quoi ? , sa voix chevrotait

Laissez-moi parle, petite sotte… C’est déjà assez dur comme ça.

- La…potion…du…bi…lan…
- La potion du Bilan ?
- Oui…
- D’accord. Je lui dirai tout ça. Qu’est-ce que je peux faire pour vous en attendant ?

Rogue voulut esquisser le sourire cynique dont il avait le secret mais il ne parvint qu’à faire une étrange grimace qu’Hermione ne sus pas interpréter.

- Rien…Personne ne peut…plus rien…

…C’est trop tard… Merci quand même Granger……
_______________________________________________________________

A suivre...

C'est méchant de couper maintenant j'étais à fond dedans. Si il meurt je te tue

Tuer Rogue?
Qui sait... Je suis sadique après tout...

Bien vu Ombre, mais est-ce que Rogue se réveillera?
Un nouveau chapitre. Le mystère autour de la potion du Bilan s'épaissit.
__________________________________________________________

Hermione étouffa un cri. Le professeur Rogue venait de perdre connaissance. Tremblante, elle essaya de prendre son pouls mais son propre cœur battait tellement fort qu’elle ne put pas sentir celui du Maître des potions.

- Calme-toi Hermione, murmura-t-elle pour elle-même.

Elle se concentra et réussi enfin à sentir le pouls de Rogue. Il était faible mais régulier. Elle poussa un soupir de soulagement. Il n’était pas mort mais il semblait plongé dans une sorte de sommeil profond. Elle murmura, en regardant autour d’elle :

- Dépêchez-vous, professeur Dumbledore. Faites vite.

Soudain, comme si son souhait s’était exaucé, elle entendit des bruits de pas précipités derrière elle. Elle se retourna et vit que Dumbledore, McGonagall et Harry l’avaient rejointe. Elle n’avait jamais vu le professeur McGonagall aussi paniquée. Ses lèvres tremblaient et elle semblait sur le point de fondre en larmes. Harry, lui, était écarlate et il comprimait un point de côté. Il n’avait jamais couru aussi vite et aussi longtemps de sa vie. Dumbledore, égal à lui-même, faisait preuve d’un sang-froid exemplaire.
Dumbledore et McGonagall étaient maintenant agenouillé de part et d’autre de Rogue.

- Severus ! Severus, vous m’entendez ? , demanda Dumbledore tout en posant délicatement sa main sur le front blême de Rogue.

Hermione avait rejoint Harry qui asseyait de reprendre son souffle.

- Où est Ron ? , demanda-t-elle
- Il est …parti chercher Mme …Mme Pomfresh, dit-il, entre deux inspirations.

Dumbledore se retourna soudain vers Hermione.

- A-t-il dit quelque chose avant de perdre connaissance ?
- Oui, dit-elle précipitamment en se remémorant les dernières paroles de son professeur de potions. Il a dit que ce sont les Mangemorts qui l’on mit dans cet état et il a aussi parlé d’une potion. La potion du Bilan ou quelque chose comme ça.
- La potion du Bilan ?! , s’exclama McGonagall. Mon Dieu, Albus ! Comment est-ce possible ? Je croyais qu’il s’en était débarrassé !
- Il faut croire que non, Minerva. Mais le plus grave est que les Mangemorts soient entré en possession de cette potion, dit Dumbledore en fronçant les sourcils. Il posa un regard interrogateur sur Rogue, comme s’il s’attendait à le voir se réveiller et répondre à cette question.
- Que peut-on faire maintenant ? Il y a sûrement quelque chose que l’on puisse faire ! , dit McGonagall avec une voix étouffée.

Dumbledore leva doucement les yeux vers elle et plongea son regard bleu dans celui de McGonagall. Minerva eut une sorte de hoquet. Elle posa la main sur sa bouche et, les yeux embués de larmes, elle se releva sans détacher son regard de Severus. A cette instant, Mme Pomfresh apparut à leurs côtés. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre le tableau qu’elle avait sous les yeux. Puis, retrouvant son professionnalisme et tout en commençant à déballer sa trousse des premiers soins magiques, elle demanda à Dumbledore :

- Quel est votre diagnostique, Albus ? Que puis-je faire ?
- Rien, dit Dumbledore avec un calme surprenant.

Pomfresh se figea, coupée dans son élan et lança à Dumbledore un regard interrogateur

- Rien de ce que vous êtes capable Pompom, et vous m’avez déjà maintes fois prouvé vos grandes compétences, ne pourrai améliorer l’état de Severus.
- Mais…, commença Mme Pomfresh
- C’est la potion du Bilan, Pompom
- La potion du … ? , ses yeux s’agrandirent, elle venait de comprendre la mystérieuse réaction de Dumbledore. Mais, je croyais qu’il l’avait détruite !
- Nous le croyions tous et, plus grave encore, il semblerait que ce soit les Mangemorts qui lui ont fait ça.
- Comment auraient-ils eu connaissance de cette potion ? Severus l’avait mise au point dans le plus grand secret !
- Oui, ça aussi on se le demande Pompom.
- On ne va pas rester là sans rien faire ! Il doit bien y avoir un antidote !!! , explosa soudain McGonagall, ce qui fit sursauter Mme Pomfresh
- Non, Minerva. Vous savez aussi bien que moi que Severus a fait en sorte qu’il n’y en ai aucun. La seule chose à faire est d’attendre en espérant qu’il refasse surface. Je sais que c’est dur mais si vous voulez, vous pourrez lui parler, il vous entendra peut-être. Pour l’heure, le plus urgent est de le ramener au château.

Sur ce, ils se levèrent. Mme Pomfresh fit apparaître un brancard et installa Rogue dessus avec l’aide de Dumbledore.

- Je le garderai une journée en observation à l’infirmerie, dit-elle. Après, si son état s’avère stable, nous pourrons le transférer dans ses appartements pour qu’il y soit plus au calme. Mais il devra être sous garde permanente, de jour comme de nuit.
- Nous ferons ainsi, dit Dumbledore
- Albus, cette potion nous est quasiment inconnue. On ne sait sur elle que ce que nous en a dit Severus, et ces éléments que l’on a ne laissent rien présager de bon si vous vous en souvenez bien.
- Je m’en souviens Pompom, dit Dumbledore gravement.
- On ne connaît même pas ses effets sur une personne normale ! J’entends par là, une personne qui n’a pas eu une vie telle que la sienne. Sur Severus, ces effets pourraient être terribles ! Je dois avouer que je suis fort sceptique quant à ses chances de guérisons, ajouta t’elle les yeux baissés.

A ces mots, McGonagall eut un second hoquet. Elle ferma les yeux pour essayer de se calmer.

- Je suis aussi inquiet que vous, poursuivit Dumbledore. Mais je suis persuadé que Severus peut trouver en lui les forces dont il aura besoin pour revenir parmi nous. Il dispose de ressources dont lui-même ignore l’existence. Espérons qu’il les découvre à temps.

Harry, Hermione et Ron avaient observé la scène sans pour autant la comprendre.

- La potion du Bilan ? C’est quoi ce truc ? , demanda Ron à Hermione.
- J’en sais rien du tout.

Ron n’insista pas. Si Hermione ne le savait pas, qui pouvait le savoir ?

- Veuillez nous suivre, jeunes gens, demanda soudain Dumbledore en se retournant vers eux.

Les trois amis se regardèrent puis emboîtèrent le pas de leur directeur. Ils prirent tous le chemin du château en silence, chacun dans leurs pensées.
________________________________________________

Mais oui, c'est quoi ce truc?

ta potion ne serait pas comme un somnifère mais en plus puissant?
J'ai hâte de lire la suite

VolChauve-souris8146 a écrit:

ta potion ne serait pas comme un somnifère mais en plus puissant?
J'ai hâte de lire la suite

Comme un somnifère mais en plus... particulier... dangereux

Là, j'organise mes chapitres et je regarde ce qui manque dans l'histoire... Et je corrige mes phrases trop maladroites. C'est un vrai plaisir de replonger dans cette histoire et de la partager avec des personnes désireuses de la lire.

J'essayerai de publier la suite bientôt. Là, je suis trop occupée pour corriger tous mes chapitres. Bonne lecture!
_______________________________________________________________________

Arrivé à l’infirmerie, le professeur Rogue fut installé sur un lit, à l’abri des regards. Mme Pomfresh porta ensuite son attention sur McGonagall qui était encore en état de choc. Elle lui prépara un verre de Calmite, puis la coucha dans un lit voisin de celui de Rogue. Dumbledore et Harry regardaient McGonagall s’endormir profondément. Un à un, ses muscles se décontractèrent et son visage retrouva une expression calme et sereine.

- Harry, regarde ! murmura Ron. Il sourit !

En effet, sur son lit d’hôpital, Rogue souriait dans son sommeil. Pas du sourire ironique ou crispé qui déformait habituellement son visage, mais d’un sourire dont Harry ne l’aurai jamais cru capable. Rogue avait l’air différent… Il avait l’air… heureux. D’un bonheur serein, complet, absolu. Il en était totalement transfiguré.
Harry ne put s’empêcher de sourire à son tour, tant il était attendrit par cette image. Mais son sourire s’effaça rapidement quand il vit que Dumbledore, loin de partager le bonheur de Rogue, observait Severus avec une infinie pitié dans le regard. L’étincelle qui brillait habituellement dans ses yeux bleus semblait définitivement éteinte.

Pourquoi semble-t-il si triste pour Rogue alors que ce dernier parait littéralement aux anges ? se demanda Harry, perplexe.

--------------------------------------------

Pendant ce temps dans les songes de Rogue

Dans le noir le plus total, il se sentait flotter dans quelque chose d’indéfinissable. Il avait l’impression de ne plus avoir de corps.

…Où suis-je ? ...
Je ne me rappelle que de la main de Granger sur mon bras et d’une phrase étrange qui résonne dans ma tête depuis : « Souviens-toi ! Souviens-toi !»
Me souvenir de quoi ?

A cette pensée, le noir environnant commença à se dissiper et laissa apparaître petit à petit des couleurs pastelles qui tourbillonnaient autour de Rogue.
En d’autres circonstances, Severus aurait été paniqué. Cependant, il sentait une douce chaleur pénétrer au plus profond de son âme.
Il se laissa entraîner. Apres tout, que pourrait-il faire ? Il n’avait même plus de corps physique.
Les couleurs tourbillonnaient de plus en plus vite.
Rogue commença alors à sentir une odeur familière, agréable et ancienne. Tellement ancienne qu’il croyait l’avoir totalement oubliée.
Puis une voix féminine se fit entendre. Elle fredonnait une mélodie envoûtante.
C’était une berceuse. Les paroles vinrent ensuite :



« Dors mon petit Soleil
Les anges veillent sur ton sommeil
Je serais toujours là pour toi.
Mon cadeau du ciel, c’est toi.
Plonge tes yeux dans les miens
Tu y verras combien je t’aime… »

Rogue écoutait, abasourdit.

Cette chanson…cette odeur…Comment est-ce possible ???
M...maman ?

Les couleurs cessèrent de danser autour de Rogue. Elles se fixèrent pour laisser apparaître une pièce baignée de lumière, une chambre d’enfant. Sur un rocking-chair, près de la fenêtre une jeune femme berçait un bébé dans une couverture bleu nuit parsemée d’étoile.
Elle avait des cheveux noirs jais d’une longueur impressionnante. Ils ondulaient en épousant ses épaules et son dos. Le bébé en tenait une mèche et jouait avec. Il avait la même couleur de cheveux que sa mère. Les mêmes yeux aussi. Des yeux noirs, profonds et tendres
Le bébé émis un gazouillis joyeux. Sa mère était en train de se pencher doucement sur lui. Elle lui susurra, tout bas, à l’oreille :

- Severus… Severus… mon trésor… mon petit Soleil…

Le petit Severus soupira d’aise et ferma les yeux tout en continuant de tenir la mèche de cheveux de sa mère. Celle-ci retomba alors sur son nez. Il inspira et, tout à coup, éternua. La maman, qui observait la scène, se mis à rire doucement.

- Attention, mon bébé.

Elle prit une de ses longues mèches de cheveux et lui chatouilla le front. Le petit Severus éclata de rire et se tortilla dans sa couverture étoilée. Tous deux riaient à en pleurer.

Rogue était transporté de joie. Il était en train de revoir sa mère telle qu’elle était à l’âge d’or de son enfance.

Maman…

Cette chanson, c’était la berceuse que Malicia Rogue avait inventée spécialement pour son fils. Et cette odeur, c’était le parfum de ses longs cheveux soyeux.
Pour Rogue, réentendre ces rires était merveilleux.

L’image se brouilla pour en laisser apparaître une autre.

C’était la même chambre, seule la décoration avait un peu changé.
Severus était assis sur son petit lit. Il avait seulement un an. Il était en train de regarder sa mère qui jouait à transformer avec sa baguette un lapin en chausson et vice versa.
Chaque fois qu’elle réussissait, Severus applaudissait avec ses petites mains.
Parfois, au lieu de changer le lapin en pantoufle, elle faisait semblant de se tromper dans la formule et elle le transformait en abat-jour, en oreiller ou encore en pyjama.
Quand cela se produisait, Severus se tordait de rire sur son lit.
Rogue se surprit à rire en même temps que l’enfant. Leurs deux rires se mêlaient d’une manière étonnante.

Le souvenir s’effaça et un autre le remplaça.
C’est le soir, Severus, âgé de trois ans, était malade. Il avait de la fièvre et était très pale.
Pourtant, il souriait car il était au lit avec sa mère, et que cette dernière lui racontait une histoire avec des sorciers et des trolls. Au plafond, les personnages de l’épopée, animée par Malicia, jouaient les scènes qu’elle racontait.
L’aventure terminée, les personnages saluèrent sous les bravos de Severus puis disparurent.

- Maintenant, ferme les yeux, mon Trésor, dit-elle doucement.

Severus se cala alors contre elle et ferma les yeux. Malicia chantait leur berceuse.

- Dors, mon petit soleil.
Les anges veillent sur ton sommeil.
Je serai toujours là pour toi…

Le petit s’endormit rapidement malgré sa fièvre.

Le décor changea totalement.
Rogue se trouvait maintenant sur un chemin de montagne. On pouvait voir, en contrebas, la maison des Rogue.
Le petit Severus se promenait avec sa mère. Il avait six ans et depuis environ deux ans, il apprenait avec Malicia à reconnaître les plantes et leurs propriétés. Il était déjà plutôt doué. Ses extraordinaires progrès ne cessaient d’étonner sa mère.

- Tu reconnais cette plante ? demanda Malicia.
- Oui, c’est la « Belle-des-Neiges », elle ne fleurit qu’une fois par an en hiver. Si on sèche la fleur et qu’on la pile, elle entre dans la composition de la Calmite de type 4. dit Severus en fermant les yeux pour mieux réfléchir.
- Bravo, c’est tout à fait ça !

Et elle lui fit un baiser sur le nez.

- C’est rien, c’était facile, dit-il en riant, heureux de rendre sa mère fier de lui.

Rogue se souvint avec nostalgie de toutes ces promenades.
Quel que soit le temps, ils sortaient tous les deux pour observer la nature. C’était devenu leur plaisir quotidien, si bien que la faune et la flore n’avaient plus de secret pour Severus.

- Vite, rentrons. Il est tard ! Papa nous attend à la maison, dit Malicia Rogue.

Papa…Je n’ai aucun souvenir de mon père avant la dispute. C’est comme s’il n’avait pas existé pour moi jusqu’à…

Rogue s’interrompit.
Il était de retour dans la maison de sa famille. Il faisait beau dehors et Severus, à peine plus âgé que précédemment, jouait dans le jardin. Malicia, dans la véranda, lisait un livre tout en surveillant Severus par la baie vitrée.
Mais après quelques minutes de lecture, quand elle leva le regard, ce fut pour voir Severus marcher vers elle en boitant, les larmes aux yeux. Sa lèvre inférieure tremblotait.

- Maman ! Maman ! , criait-il la voix pleine de sanglots. J’ai maaaaal !

Il était tombé sur un rocher.
Malicia le prit dans ses bras et le conduisit à l’intérieur de la maison. Elle l’installa sur une chaise mais quand elle voulut relever sa robe de sorcier pour soigner sa blessure, il cria de plus belle.

- Aaaaaaaaaaaaaaïe ! ça fait mal !
- Du calme, mon chéri ! Je vais arranger ça.

Il avait le genou gauche ensanglanté.

- Ce n’est pas grave, Trésor. C’est superficiel.

Elle lui mit de la pommade cicatrisante.

- Regarde. C’est déjà fini.

En effet, sa peau avait déjà cicatrisé. Malicia déposa un baiser sur son petit genou.

- C’est quoi ces cris ?! demanda une voix grave derrière Severus.
- C’est rien, Ehnéas.
- Etrange qu’un « rien » face autant de bruit ! dit-il d’une voix froide.

Cet homme était le père de Severus. L’enfant le voyait peu et il ne s’en plaignait pas car Ehnéas avait toujours été distant avec lui. Il était grand, très pâle, et semblait de dix ans l’aîné de sa femme.

- Severus est tombé et s’est fait mal au genou. Mais j’ai arrangé ça.
- Vraiment ? Pour pousser de tels cris, j’aurais crus qu’il s’était au moins fait arraché les deux bras, dit-il d’un ton méprisant en regardant son fils.
- Que veux-tu insinuer par-là ? demanda Malicia, piquée à vif.
- J’insinue que ton fils n’est qu’un geignard incapable ! cria-t-il.

Ces mots étaient sortis de la bouche d’Ehnéas avec la puissance du tonnerre. Comme s’ils avaient été retenus trop longtemps et qu’ils avaient soudain explosé. Severus était pétrifié par les paroles de son père, qui résonnaient douloureusement dans ses oreilles.
Malicia était horrifiée.

- Comment oses-tu parler de notre fils de cette manière ? Il est loin d’être un incapable ! Il est même très doué pour son âge ! Je suis sûre qu’il deviendra vite un grand sorcier !
- Un grand sorcier incapable de faire quoique ce soit sans sa maman ! Tu crois que tu en feras un homme en continuant à le couver comme tu le fais ?
- Tu veux quoi ? Qu’il te ressemble ? Qu’il soit un homme orgueilleux et insensible ? Qu’il ne sache pas rester plus de cinq minutes avec son propre fils, de peur que l’Amour soit contagieux ?
- En tout cas, je ne veux pas qu’il devienne une poule mouillée ! Je ne veux pas avoir à rougir de lui quand il me succèdera dans ma boutique de potion sur l’Allée des Em-brumes.
- Pourquoi crois-tu qu’il te suivra dans ton horrible repaire ?
- Parce que c’est ce qui l’attend ! Il deviendra un Maître en potion, comme moi. Et un grand Serpentard !
- Retire tout de suite cette idée de ta tête ! Mon Severus, à Serpentard ? Jamais ! Je ne veux pas qu’il devienne un sorcier de ton espèce ! Obsédé par le « sang pur » ! C’était donc tout ce qui t’intéressait quand tu m’as épousé ? La « pureté » de ma famille ?
- Et toi ? L’ « Amie des Moldus » ? Tu ne comprends pas que ce ne sont que des ani-maux, des sous-êtres ? Des bêtes enragées qui te tueraient sans hésiter, s’ils savaient qui tu es vraiment ?

Severus ne comprenait rien des paroles de ses parents. La seule chose qu’il savait, était qu’ils se disputaient à cause de lui. Pire encore, Ehnéas avait dit que les « moldus » voulaient tuer sa mère. Il ne pouvait supporter cette idée et un torrent de larmes se déversait de ses yeux. Il n’arrivait pas à s’arrêter de pleurer. S’était plus fort que lui. Même s’il savait que, loin de calmer son père, ça l’énerverait encore plus.

- Tous les Poufsouffles sont-ils aussi naïfs que toi, Malicia ?
- En tout cas, ils ne sont pas aussi ignobles que les Serpentards !
- Regarde, Maman, le bébé Severus pleure ! dit-il la voix pleine de sarcasmes. Bébé Se-verus ne sera jamais grand ! ajouta-t-il en quittant la pièce avec un rire glacial.

Malicia tremblait de fureur. Mais quand elle se pencha sur Severus pour le calmer, elle avait retrouvé un sourire rassurant.

- Oublies ce qu’il a dit. Ne pleure pas à cause de lui. Il n’en vaut pas la peine.
- Pourquoi…il ne …m’aime pas ?
- C’est un homme qui a sa fierté mais, au fond de lui, il t’aime. Il est seulement trop or-gueilleux pour le montrer ouvertement.

Severus acquiesça et se calma un peu.

Maman, pourquoi m’as-tu menti ? Tu ne m’avais jamais menti avant ça. Tu me devais la vérité. Tu aurais dus me dire que mon père me détestait. Que je n’étais pas le fils qu’il espérait.

Le souvenir devenait de plus en plus flou puis s’effaça. Une image commença à apparaître. Le jeune Severus avait sept ans et demi et lisait seul dans sa chambre. Dehors, le Soleil venait de se coucher et la lumière déclinait rapidement. L’enfant semblait inquiet. Sa mère était partit au village de la vallée car elle avait reçu un paquet par la Poste moldue et elle tardait à rentrer, ce qui était fort inhabituel.

Voyant cette scène, Rogue, l’adulte, fut pris d’une peur panique.

Oh non…pas ça. Tout mais pas ça ! Je ne veux pas revivre ce souvenir ! Je ne le supporterai pas ! Non…pitié… laissez-moi partir ! Je vous en supplie…laissez-moi partir de là ! Non…
_____________________________________________________________________________

J'adore la suite et en fait ça ne me gène pas le changement par rapport à ce qu'on connaît des livres. Moi ça me donne envie de connaître la suite

Wahou ! J'ai lu tous tes chapitres d'une traite et ils sont vraiment bien ! *_*
Franchement, moi non plus ça ne me gêne pas que ce soit différent, et puis, on connaît tous l'histoire du livre, alors le fait que ça change est positif !

Merci Snapy-chan et Quill. ça me va droit au coeur. La suiiite!
_____________________________________________________________________
Mais le souvenir continuait son déroulement inexorable.
Quelqu’un frappa à la porte de la chambre de Severus. Son père entra dans la pièce, sans même avoir attendu la réponse de Severus. Ehnéas avait toujours son air méprisant cependant il était étrangement pâle.

Non ! Pas ça !!!
----------------------------------
A l’infirmerie de Poudlard.

Dumbledore, qui n’avait rien dit depuis environ une heure, continuait d’observer Rogue. Il semblait totalement perdu dans ses pensées. Si bien qu’Harry, Ron et Hermione n’avaient pas osé le ramener à la réalité.
Puis, Dumbledore se décida enfin à bouger. Il se tourna vers le trio d’amis, qui était assis sur un lit, et leur dit doucement :

- Il se fait tard. Vous devriez rentrer dans vos dortoirs.
- Professeur Dumbledore ? commença Harry.
- Oui, Harry ?

Une question lui brûlait les lèvres mais il ne savait pas s’il parviendrait à la formuler.

- Que…qu’arrive-t-il à Rogue ? dit-il enfin.
- Au professeur Rogue ? rectifia Dumbledore.
- Oui, admit Harry.

Le professeur Dumbledore garda le silence un instant. Il semblait chercher ses mots. Puis, en regardant successivement Ron, Hermione et Harry, il dit :

- Je ne saurai vous dire avec précision ce qu’il arrivera au professeur Rogue, n’étant pas moi-même au courant de tous les éléments de cette affaire. La seule chose sûr est que les prochains cours de potions seront donnés par un remplaçant…

Il s’interrompit. Après une pause, le regard plus impénétrable que jamais, il ajouta :

- Et il se peut que ce nouveau professeur de Potions remplace définitivement le profes-seur Rogue.

Hermione étouffa une exclamation en plaquant sa main sur sa bouche. Les yeux de Ron étaient devenus ronds comme des billes ce qui lui donnait un air ahurit. Harry, lui avait juste légèrement ouvert la bouche. Il n’en croyait pas ses oreilles.

Rogue ? Mourir ?

Dans sa scolarité à Poudlard, Harry avait bien plus d’une fois voulu faire regretter à Rogue tout ce qu’il lui avait fait subir, toutes ses humiliations. Mais jamais il n’aurait souhaité sa mort. Et ce, même si Rogue était l’une des personnes qu’il détestait le plus, juste derrière Voldemort et les Malefoy.
Sans oublier que depuis une heure, Rogue semblait faire des rêves d’une infinie douceur. Etait-ce possible qu’il soit en danger de mort ?
Harry posa son regard sur ce dernier.
Mme Pomfresh s’était penchée sur lui et prenait son pouls. Elle posa sa main libre sur le front de Rogue. Harry fut surprit de remarquer que le visage de Rogue, si serein quelques instants auparavant, s’était crispé comme sous l’effet de la peur et que sa respiration s’était considérablement accélérée.
Mme Pomfresh se redressa soudain et appela Dumbledore auprès d’elle. Il fit un rapide bilan de l’état de santé du malade. Rogue commençait à s’agiter sur son lit. Il fermait les yeux à s’en fendre les paupières. Ses lèvres tremblaient et des brides de paroles se faisaient entendre :

- …non……….pas…pas ça……..partir…….pitié…….non…..
- Déjà ? s’exclama Dumbledore.

Rogue semble vouloir fuir quelque chose dans son cauchemar. Mais quoi ? se demanda Harry

----------------------------------------
Non…pas ça !!! Je ne le supporterai pas !!! Laissez-moi partir… pitié !!!

Severus était debout, au milieu de la pièce, raide comme un piquet. Ehnéas s’approchait lentement de lui en le regardant de haut.
Après un long moment durant lequel Ehnéas semblait mettre à l’épreuve Severus de baisser les yeux devant lui, il dit d’un ton détaché :

- Ta mère ne rentrera pas ce soir. Les autres soirs non plus.

Severus ne comprenait pas un mot de ce que venait de dire son père. Pourquoi sa mère ne renterait-elle pas ? Ça n’avait pas de sens. Ehnéas, voyant que son fils ne le croyait pas, ajouta avec violence :

- Elle ne rentrera pas, je te dis ! Tu ne la verras plus jamais ! Elle est MORTE !
- Non ! Elle peut pas être morte !
- Elle est morte ! Un moldu lui a fait exploser la tête avec une arme à feu !!!
- C’est pas vrai ! Tu mens !!! , cria Severus.

Des larmes salées commençaient à rouler sur ses joues. Et si c’était vrai ?

- Pourquoi mentirai-je ?! Je l’avais prévenu de ne pas faire confiance aux moldus ! Ce sont des animaux sauvages ! Elle ne m’a pas écouté ! Résultats : un moldu fou l’a tué dans la rue ! Elle n’a pas eu le temps de se défendre ! Maintenant, elle est morte ! C’est fini ! Elle n’est plus là pour te protéger ! Je vais enfin pouvoir faire de toi un homme ! Il faudra bien que tu t’y fasses !

Ehnéas sortit en claquant la porte et laissant Severus, seul, au milieu de sa chambre.
Il était sous le choc. Son corps se mit à trembler de plus en plus fort. Il ne parvenait plus à tenir debout. Il tomba à genoux. Aucun son ne parvenait à sortir de sa bouche et quelque chose au fond de sa gorge l’empêchait de respirer.
Il fixa son regard sur la porte avec le douloureux espoir de voir sa mère entrer et le prendre dans ses bras. Mais personne ne venait. Alors il réalisa que son père avait dit vrai et qu’il ne reverrait plus jamais sa mère.
Cela fit une sorte de déclic dans sa tête et il sentit comme un coup de poignard au cœur.
Il poussa un long hurlement déchirant et se tordit de douleurs par terre.

Rogue, prisonnier de son souvenir, n’avait plus aucune pensée cohérente. Une partie de lui était en train de mourir pour la seconde fois et ça lui était insupportable. Son cœur était broyé par le désespoir. Il avait l’impression de perdre la raison.

NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!!!!!!!!

Son cri de douleur se confondit avec celui qu’il avait poussé étant enfant.

--------------------------------------------------
Dumbledore devait maintenir les épaules de Rogue sur son lit pour qu’il ne se blesse pas tant il s’agitait.

- Severus ! Calmez-vous, dit Dumbledore.
- Il ne vous entend pas, Albus. Il n’a pas refait surface, dit Pomfresh. Vous pensez qu’il peut avoir des réactions plus violentes que celles-là ?
- C’est possible. Tout doit dépendre du souvenir.
- Du souvenir ?

Sur ce, tout en immobilisant Rogue qui se débattait de plus en plus fort, Dumbledore se tourna vers Harry, Ron et Hermione.

- Retournez dans vos dortoirs tout de suite ! Et ne parlez à personne de ce que vous avez vu ! , dit-il avec un soupçon de panique dans la voix.
- Mais on aimerait vous aidez pour….. , commença Harry
- Pas aujourd’hui ! Demain peut-être. Partez ! Vite !

Harry ne comprenait pas la réaction de Dumbledore. Il fit cependant ce qu’il avait dit. Ron et Hermione étaient déjà sorti de l’infirmerie et Harry s’apprêtait à en fermez la porte quand, soudain, il entendit quelque chose qui le pétrifia sur place. Un cri déchirant qui le fit frissonner tant il était chargé de désespoir.

- NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !

Instinctivement, Harry se retourna et vit que Rogue en était à l’origine. Il se tordait de douleur et son visage était inondé de larmes. Son hurlement ressemblait à celui qu’aurai poussé un homme qui tombe dans un puits sans fond.
Harry était bouche bée, incapable de bouger. Cette scène lui parut interminable, comme si le temps s’était arrêté.
Dumbledore se rendit compte que la porte de l’infirmerie n’était pas fermée à cause des échos qui se répercutaient dans les couloirs de Poudlard.

- Harry ! Va-t’en !! , cria-t-il pour couvrir la voix de Rogue.

Harry, tiré de sa stupeur, ferma vite la porte et courut avec Ron et Hermione jusque dans la salle commune de Gryffondor. Ils n’échangèrent aucune parole avant de se coucher, trop accablés par ce qu’ils venaient de voir. Ils dormirent très mal cette nuit-là car le cri de Rogue résonnait encore dans leurs oreilles.
______________________________________________________________________

Euuhh je crois que je suis encore en état de choc. J'avais l'impression d'être à la place du trio. C'est super bien écrit et j'aurais pût pleurer parce que on fait pas de mal à mon Snape. Mais sinon c'est super bien.

Waow. Je suis trop contente de vos comm. ça fait plaisiiir.
Je bosse fort sur le détroit (hohoho). Je devrais pouvoir publier un nouveau chapitre demain soir ou après demain.
J'ai fait un gros boulot d'organisation pour le plan de la fic. Après, je dois relire ce qui existe et écrire ce qui n'existe pas encore. y'a du boulot! mais votre soutien m'aide infiniment.

Pourquoi j'réponds toujours 3 heures à la bourre ? ><

Bref. Bah, les 2 ont repris ce que je voulais dire : juste super. En plus, la publication est très rapide, c'est super ! *O* Continuuuue !

Merci pour ton commentaire.
Pour le moment, je publie plutôt vite car ces chapitres étaient écrits depuis 7 ans. J'ai juste eu à les relire pour corriger certaines tournures de phrases et des redondances un peu lourdes à lire.
Pour la suite, ça sera plus compliqué. Sur les 61 chapitres prévus, seuls 22 sont écrits... Tout le reste va prendre un peu plus de temps...

Un nouveau chapitre relu! Y'a d'la lecture ^^
_______________________________________________________________
A l’infirmerie, Dumbledore regardait Rogue se calmer. Sa crise avait duré dix minutes qui lui avaient paru une éternité. Voir son vieil ami souffrir de la sorte était pour lui une torture. Il essayait de se dire que le plus dur était passé mais il n’arrivait pas à s’en convaincre. Dumbledore connaissait une grande partie du douloureux passé de Severus. Il savait que la meilleure partie de son être avait été enterrée avec sa mère, et que depuis, sa vie n’avait été qu’une suite d’actes de désespoir, de néant ou de haine.
Dumbledore sentit une main se poser sur son épaule.

- Oui, Pompom ? demanda-t-il
- Albus, on ne peut pas le garder ici. Je ne peux rien pour lui. Il vaut mieux le ramener tout de suite à ses appartements.
- Je suis d’accord avec vous. De plus, Maty pourrait peut-être l’aider.
- Je l’espère. S’il vous plait, aidez-moi à le mettre sur le brancard.
- Mais certainement.

----------------------------------------------
L’esprit de Rogue était comme gelé. Il ne pensait plus à rien, il ne savait plus combien de temps s’était écoulé. Seule une douleur lancinante occupait ses idées. Il était à bout de forces comme s’il s’était vidé de son sang. Il avait la sensation de n’être plus qu’une coquille vide, perdu dans un océan noir et qui dérive au gré des courants.
Sous ses yeux, le petit Severus, orphelin de sa mère, s’était progressivement endormit, par terre, épuisé d’avoir pleuré de tout son être.
Rogue, sans trop y penser, s’attendait à un changement de souvenir étant donné que Severus dormait. Mais rien ne se produisit.
Au bout de dix minutes, passé dans le silence et le noir le plus total, la porte de la chambre s’ouvrit sans bruit et Ehnéas entra dans la pièce. Il regardait Severus, au sol, avec une expression insondable.

Allez-vous s’en ! Espèce de monstre sans cœur !

Mais Ehnéas s’approchait toujours de son fils. Il s’accroupit et posa une main sur son épaule comme pour s’assurer de son sommeil tourmenté.

Ne me touchez pas ! Je ne veux plus vous voir ! Allez-vous s’en ! Allez-vous s’...

Il se stoppa, pétrifié par ce qu’il vit alors.
Son père, qui n’avait jamais montré le moindre signe de tendresse pour lui, était en train de prendre Severus dans ses bras de manière à ne pas le réveiller et le porta à son lit. Il le borda et passa doucement une main tremblante dans ses cheveux encore humides de larmes. Puis, la voix mal assurée, il lui murmura à l’oreille :

- Je sais que ça va être dur pour toi, fils, mais je veux que tu vives. Tu es tout ce qu’il me reste à présent.

Rogue n’en croyait pas ses oreilles. Jamais il n’avait entendu son père lui parler comme cela. Il lui avait toujours donné l’impression de n’être qu’un poids ou un pion. Jamais Ehnéas n’avait montré à Severus qu’il tenait à lui.
Rogue se rendit compte que le mot pivot de cette dernière pensée était « montré ».

Il n’a jamais…montré…qu’il tenait…à moi.

A cette pensée, son cœur se déchargea de toute la rancœur qu’il avait pour son père.

Oh ! Père! Maman avait donc raison. Vous étiez trop orgueilleux pour vous abaisser à montrer vos sentiments. Pour préserver votre amour-propre, et sûr de votre valeur, vous m’avez tordu pour me faire à votre image. Vous avez tué en moi ce que j’avais encore d’innocence. Vous m’avez enfermé dans le silence et la solitude.
Au moment où j’avais le plus besoin de vous, vous ne m’avez pas tendu une main rassurante et humaine mais une main de non-dits et de haine.
J’avais le cœur brisé et, au lieu de le soigner avec patience, vous l’avez asséché par votre indifférence. Qu’avais-je fait pour mériter votre mépris ?
Si vous aviez, rien qu’une fois essayé de me comprendre et de m’accepter tel que j’étais, tout aurai pu être différent. Je ne serai pas devenu ce que je suis. Je n’aurai pas fait de ma vie ce que j’en ai fait !
Vous m’aimiez ? Soit ! Alors, vous êtes doublement coupable des souffrances que vous m’avez infligé !

Ehnéas se leva doucement du lit de Severus et sortit de la chambre.
La pièce, plongée dans les ténèbres, se mit à tournoyer autour de Rogue. Les couleurs sombres se mélangèrent, brouillant le souvenir.
Il sentit un froid intense l’envahir, comme s’il était sous une cascade d’eau glaciale.
A travers le brouillard de couleurs grises, Rogue percevait parfois des flashs de souvenirs douloureux. Il se rendit vite compte que ces images fugitives retraçaient les pénibles mois qui avaient suivi la mort de Malicia.

Severus souffrait affreusement du manque de sa mère. Un désespoir profond accablait son cœur chaque jour un peu plus. Il avait le sentiment d’avoir été abandonné par Malicia et Ehnéas ne faisait rien pour l’aider à surmonter sa peine. Le jour, Severus vivait en somnambule, comme un automate, insensible à tout ce qui l’entourait. Mais la nuit, hanté par de terribles cauchemars, il faisait de longues et angoissantes insomnies.
Son père l’occupait tous les jours avec des cours intensifs de Potions Magiques. C’était les seuls moments de la journée où Severus parvenait à chasser ses idées noires. C’était aussi les seuls instants où il avait un semblant de complicité avec son père. Et ce bien qu’Ehnéas n’avait de cesse de reprocher à Severus, par des répliques cinglantes, ses fautes d’inattention et son manque de concentration.
Les repas étaient devenus de vraies séances de torture pour Severus car il avait perdu tout appétit. Le faire manger était un véritable combat quotidien pour Ehnéas. Au début, ce dernier croyait le gagner. Mais voyant son fils maigrir et s’affaiblir à une vitesse alarmante, il le surveilla d’autant plus et il découvrit avec horreur que, dès qu’il relâchait son attention, Severus vomissait quasi systématiquement dans les toilettes le peu de nourriture qu’il ingurgitait pendant les repas.
Ehnéas pris des mesures drastiques pour mettre un terme à l’anorexie de Severus. Il ne le quittait plus de la journée, laissant à son assistant le soin de s’occuper de la boutique de Potions, allée des Embrumes. Il fermait à clef les toilettes pendant et après les repas, le temps de la digestion. Il contraignait aussi Severus à avaler des potions infectes pour lui redonner des forces et lui faire reprendre du poids artificiellement. Severus n’opposait qu’une faible résistance face à Ehnéas. Que pouvait-il faire face à ce redoutable Maître des potions, qui était, accessoirement, son père ?
Pour Severus, les jours s’écoulaient avec une lenteur insupportable. Il n’avait de cesse de se reprocher d’avoir survécu à sa mère. Un mois déjà s’était écoulé depuis la mort de Malicia, puis deux, trois et enfin quatre, toujours avec la même lenteur.
Arriva le début de l’hiver, et une nuit, encore plus tourmentée que les autres, Severus pris une grande résolution et, le cœur moins lourd, il s’endormit profondément. Bientôt…
Et son état s’améliora du jour au lendemain. Il recommença à manger normalement. Certes pas beaucoup, mais c’était déjà un miracle. Severus faisait aussi plus d’efforts en cours de potion et faisait preuve de réelles prédispositions. Il avait l’avantage de déjà connaître parfaitement toutes les propriétés magiques de la faune et de la flore du monde des sorciers grâce à Malicia. Mais l’art subtil des Potions lui était encore peu familier. Grâce à ses récents efforts, il acquit rapidement et avec d’étonnantes facilités toute la théorie de la fabrication des potions. Quant à la pratique, Severus se faisait chaque jour plus habile. Malgré cela, jamais Ehnéas ne le félicitait pour son travail studieux. Ce n’était jamais assez. Il commençait même à le jalouser et faisait encore plus dure avec lui. Car il réalisa que son fils serait bien meilleur que lui-même en tant que Maître des Potions.
Severus ne prêtait plus aucune attention aux moqueries et humiliations de son père. Il était passé au-dessus de ça. Il avait la sensation de se détacher progressivement de la réalité, du monde des vivants. Ses yeux, dans le miroir, étaient vides, lointains, presque d’un autre monde. Il regardait les choses, sans vraiment les voir. Il ne criait plus la nuit. Il ne parlait presque pas, mais quand il le faisait, sa voix était grave, rauque et calme. Ce qui contrastait étrangement avec son jeune âge.
Ses cauchemars l’avaient quitté, car à présent il avait un but, une unique motivation, une idée qui le suivait toute la journée. Bientôt…
Arriva Noël. C’était une fête très importante pour Malicia. Un moment de joie et de partage. Hélas, à présent, elle n’avait plus aucun sens pour Severus. Quand il se réveilla le matin de Noël, il ne trouva aucun cadeau au pied de son lit. Il ne fut guère étonné car Ehnéas considérait ce jour comme tous les autres jours de l’année. Malgré tout, il eut un pincement au cœur, car personne d’autre n’avait pensé à lui. Il était seul au monde. Il regarda par la fenêtre la neige tomber, recouvrant la montagne et la vallée d’un épais manteau blanc. Il se ressaisit vite de ce moment de faiblesse en se disant que tout ceci n’avait plus d’importance et que c’était peut-être mieux ainsi.

Les souvenirs cessèrent d’apparaître par flashs et le brouillard se dissipa petit à petit.
Rogue savait déjà ce qu’il allait voir. Il savait aussi qu’il ne pouvait pas y échapper. Il essaya alors de s’y préparer mentalement mais c’était peine perdue. Car sa blessure, loin d’avoir cicatrisé avec le temps, s’était remise à saigner. Il ne réussit donc pas à fermer son cœur au désespoir qui avait dominé toute cette période de sa vie. Désespoir qui avait atteint son summum avec ce fatidique jour d’hiver, le huit janvier.
Le voile gris se leva totalement et Rogue pu voir Ehnéas et lui-même, dans la salle de potions. C’était le matin. Ehnéas paraissait préoccupé. Severus, imperturbable, comme à son habitude, fixait son chaudron qui écumait doucement. Il était ailleurs. Son père lui parlait mais il ne semblait pas l’écouter.

- J’ai une affaire urgente à régler à la boutique, dit Ehnéas. Je dois m’absenter. Je serais sûrement de retour vers midi. Je t’ai mis sur la table, les ingrédients nécessaires à la potion de Gèle-flamme. Tu l’a déjà vu donc tu as intérêt à l’avoir fini quand je rentre-rai. Sois efficace au moins une fois dans ta vie ! Ça changera un peu ! Je me demande parfois si tu fais une compétition avec mon imbécile d’assistant pour savoir qui aurait la palme de l’incompétence caractérisé ! Je suis vraiment entouré d’impotents ! Severus. Tu m’écoutes ?

Ehnéas marqua une pause mais il n’observa pas de réponse de la part de Severus. Excédé, il frappa violement son poing sur la table. Les quelques fioles de verre qui y étaient posées s’entrechoquèrent et l’une d’entre elles se brisa. Severus n’avait ni sursauté ni cillé face à cette explosion de fureur. Il regardait juste le chaudron, toujours aussi impassiblement. Ce qui décupla la rage d’Ehnéas.

- TU M’ECOUTE QUAND JE TE PARLE, IMBECILE ??!!

Il fixait Severus avec une lueur démente dans les yeux. Severus détacha calmement son regard du chaudron et le planta dans celui d’Ehnéas. Puis, sans ciller ne serait-ce qu’une seule fois, il dit lentement, de sa voix lasse :

- Oui, père. Je vous ai écouté. Vous avez dit que vous aviez une affaire urgente, que vous deviez aller à la boutique et que je devais réussir une potion de Gèle-flamme pour midi, heure à laquelle vous pensiez rentrer. Vous avez suggéré un concours d’incompétence caractérisé que je ferais, selon vous, avec votre assistant que je n’ai, cela dit en passant, jamais rencontré. Vous vous êtes lamenté d’être encerclé par des impotents. Puis vous avez malmené la table et cassé une pauvre petite fiole qui n’avait rien fait pour mériter ça. Tout ceci pour en arriver à me demander si je vous écoutais. Cette réponse vous satisfait-elle, père ? Je crois que j’ai fait le tour de la question.
- Je te préviens, Severus. Ne joue pas au plus malin avec moi. Tu as de la chance que je sois pressé. Nous reprendrons cette discussion à mon retour. Sois-en assuré !

Severus ne répondit rien car il ne voulait pas envenimer les choses. Il n’avait qu’une envie, qu’Ehnéas parte. Qu’il s’en aille le plus loin possible, le plus vite possible. Ce n’était pas en surenchérissant que Severus parviendrait à le faire partir.
Il baissa alors les yeux et prit un air penaud du type « Oh, comme je regrette. Oh, comme j’ai peur d’être à midi quand nous reprendrons cette discussion ». Même s’il n’en pensait pas un mot. Cette idée le faisait même sourire intérieurement.

S’il savait…

Ehnéas, triomphant, mis la main sur la poignée pour sortir et se retourna vers Severus dans l’idée de lui lancer un dernier pique mais il n’en fit rien car ce qu’il vit sur le visage de Severus lui fit perdre tout contenance. Il sortit vite, en claquant la porte.
Ce qui l’avait troublé était une chose, une petite chose inattendue tant elle était improbable. C’était une chose que Severus ne faisait plus depuis la mort de sa douce mère. Une chose qu’Ehnéas ne pensait pas revoir un jour sur la triste face de Severus.
Un sourire. Un simple sourire, un sourire paisible. Mais un sourire plus effrayant que n’importent quelles grimaces car, pour celui qui aurai su l’interpréter, il dissimulait un dangereux orage. Orage qui n’attendait que le moment propice pour éclater de toute sa force dévastatrice.
Severus entendit son père utiliser la poudre de cheminette. Il avait du mal à réaliser que la chose qu’il attendait depuis plusieurs semaines était enfin arrivée. Il était seul. Enfin seul.
Personne pour le surveiller, l’espionner.
Personne pour l’empêcher de faire ce qu’il allait entreprendre.
__________________________________________________________________